Margot, juriste d'entreprise, reconvertie pâtissière, et Hippolyte, pâtissier de formation, nous racontent leur parcours. À l'obtention de son CAP de pâtisserie, Margot avait pour ambition d'ouvrir un salon de thé, tandis qu'Hippolyte avait une envie similaire depuis longtemps. Ils ont uni leurs forces pour concrétiser ce projet. Leur vision était claire : créer un lieu de vie convivial, solidaire et écoresponsable en dehors de la ville.
Hello Margot & Hippolyte, pouvez-vous vous présenter ?
Margot : J’étais juriste d’entreprise mais je me suis vite aperçue que je n’étais pas faîte pour le travail de bureau. J’ai décidé de faire un CAP Pâtisserie en reconversion en 2019, avec pour objectif d’ouvrir un salon de thé.
Hippolyte : J’ai un parcours inverse puisque j’ai fait un BAC Pro Pâtisserie en 4 ans. Je me trouvais un peu trop jeune pour entreprendre tout de suite même si j’avais déjà l’envie d’ouvrir un salon de thé mais il y a 15 ans ça n’existait pas beaucoup ce genre de concept. Je n’ai pas eu la possibilité de le faire tout de suite. Quand Margot a fait son CAP ça m’a remis dedans et on a eu ce projet ensemble.
Pouvez-vous nous décrire votre concept ? D’où vient-il ? Quelle était la vision ?
Margot : À l’obtention de mon CAP on s’est dit qu’on allait se lancer. À l’époque, c’était le confinement. On a donc d’abord commencé avec de la vente de pâtisseries à emporter et en livraison. Mais notre objectif était quand même d’ouvrir un lieu. On s’est rapidement dit qu’on ne voulait pas l’ouvrir en centre-ville de Lille. On voulait plutôt aller en campagne ou en périphérie. On voyait vraiment ça comme un grand lieu de vie où il y aurait des ateliers, des animations, un peu de restauration, un salon de thé mais aussi de la bière, quelque chose de multi-activités. On a alors commencé à démarcher les mairies des secteurs qu’on visait pour voir s’ils n’avaient pas des locaux à nous proposer et c’est comme ça que, de fil en aiguille, une mairie nous a parlé des tiers lieux que la métropole de Lille encourageait à ce moment-là. Et on a répondu à un appel à projet pour un tiers lieu qui allait ouvrir à Carnin.
Vous avez entrepris en couple. Comment cela s’est passé ?
Hippolyte : On a la même vision des choses, on se comprend totalement. En tant que couple, c’était plus facile pour nous de se comprendre et d’aller dans la même direction. Après, c’est aussi beaucoup de sacrifices puisqu’on en parle au quotidien. Mais c’était une évidence pour nous de le faire ensemble.
Margot : Ce n’est pas qu’un métier, c’est vraiment un projet de vie. On nous dit souvent que ça doit être compliqué en couple mais je me dis qu’on est tellement investi dedans et qu’on y passe tellement d’heures, que si on ne le faisait pas ensemble, on ne serait plus du tout alignés. Le seul challenge c’est de réussir à couper.
Il y a, dans ce projet et votre démarche, une grande dimension sociale, solidaire et écoresponsable. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Hippolyte : L’évidence pour nous c’était de s’installer dans un petit village, car qui dit village, dit convivialité. De ce fait, c'est aussi une évidence pour nous de travailler avec les producteurs locaux. Pour les bières par exemple, on travaille avec les deux villes des alentours. Pour le thé, c’est pareil. Et le café, nous le trouvons à Lille. On essaye de faire les choses bien et on choisit des producteurs qui ont la même vision que nous.
Margot : Cette dimension fait vraiment partie de nos valeurs personnelles. Hippolyte a d’ailleurs travaillé pendant 5 ans chez Biocop, donc les circuits courts et le bien manger sont par exemple des pratiques que nous avons voulu mettre en place dans notre projet.
Quelles ont été les belles surprises du projet ? Ou à l’inverse les mauvaises expériences qui se sont transformées en leçons ?
Hippolyte : Les belles surprises c’est surtout les rencontres qu’on a pu faire. Je pense notamment à ceux qui ont conçu la cuisine avec nous. On a eu la chance d’avoir des personnes qui nous ont bien conseillés. À l’inverse, ce n’était pas toujours évident avec notre entourage. Ils ont tellement peur que parfois, ils ne parlent que de leurs inquiétudes et oublient de voir que le projet a du sens, est avance bien.
Margot : C’était vraiment chouette de travailler avec des entrepreneurs (artisans) qui comprenaient notre vision du projet. Entreprendre c’est un monde de rencontres qui s’ouvre à nous. La mauvaise surprise a surtout été les délais. On a pris un an entre le moment où l’on pensait ouvrir et le moment de l’ouverture. Même lorsqu’on a ouvert il y avait encore quelques travaux. Tout le monde nous avait dit de nous reposer avant l’ouverture et on pensait avoir une semaine de stop. Mais on n’a pas pu. On a fait 7j/7 en flux tendu pour respecter la date qu’on avait annoncée.
Vous êtes alumni de notre programme Accélération à Lille saison 1. Comment avez-vous croisé la route de Service Compris ?
Margot : Je suivais sur Instagram Charlotte de Chicon Pressé, une des mentors de Lille. J’ai vu qu’elle lançait un appel à projet. On s’est dit pourquoi pas ! On pensait que notre projet ne rentrait pas trop dans les clous car nous pensions que cet appel à candidature était uniquement pour la restauration pure dans le centre de Lille mais on a tout de même candidaté. Finalement on a été pris ! On a fait les 2 jours de formation qui ont été super ! On a pu rencontrer Charlotte et César Toulemonde, le mentor qui nous accompagne, et les autres porteurs de projets que l’on voit encore aujourd’hui pour avoir des nouvelles sur les ouvertures !
| 🔎 Pour aller plus loin sur les mentors lillois :
Et comment s’est passée la relation avec César Toulemonde, votre mentor et accompagnant dans ce projet ?
Hippolyte : On voit César régulièrement. Il nous donne de bons conseils en apportant une vision extérieure. Dès qu’on a besoin on lui téléphone. Il nous a aidés sur des points qu'on ne maîtrisait pas, notamment en nous ouvrant son carnet d’adresses, comme par exemple sur toute la partie communication. Il y a eu plusieurs noms comme notre graphiste qu’on a pu donc contacter en toute confiance et ça nous a fait gagner du temps. Ses conseils, basés sur son expérience entrepreneuriale nous ont vraiment apporté.
Aujourd’hui, quelques jours après l’ouverture, pourriez-vous nous partager votre faim d’entrepreneur, ce qui vous pousse à vous lever tous les matins ?
Margot : On est heureux de voir que les gens sont contents quand ils viennent chez nous. On ne parle pas uniquement des gens du village, car il y a des personnes qui viennent de tous les alentours. C’est génial de voir que ce qu’on imaginait est, comme on l’imaginait : convivial et que les clients aiment vraiment ce que l’on fait.
“ On se lève le matin en se disant qu’on arrive à rassembler les gens. On le voit dans le village, il y a des gens qui ne se côtoyaient pas forcément et qui se rencontrent dans notre lieu.” - Hippolyte Dumont, co-fondateur de Yvon & Fira - La Maison.
Enfin, y a-t-il des conseils qu’on vous a donnés ou que vous souhaiteriez transmettre, pour de futurs food-entrepreneurs ?
Hippolyte : Le premier conseil que je donnerais, même s’il fait un peu mal au coeur, c’est de ne pas trop écouter ses proches. Tout le monde voulait nous dissuader de recruter ou de nous lancer à deux en même temps. Mais si on les avait écoutés on n’aurait rien fait. On est ravi de ne pas les avoir écoutés, d’avoir embauché et de s’être lancé comme ça.
Margot : Il faut en effet, s’écouter soi et se faire confiance. Nos proches sont forcément subjectifs en voulant nous protéger à tout prix. À l’inverse de César par exemple, qui apportait un point de vue plus objectif.
Il faut aussi être patient et ne pas ouvrir trop précipitamment. Ce projet nous a vraiment appris la patience en prenant bien le temps de bien développer notre concept et d’avancer dans les étapes.
Hippolyte : C’est aussi très important de faire des stages. On en a fait tous les deux pendant 1 an comme on avait le temps et heureusement ! On est allé voir des salons de thé et autres business proches de ce qu’on voulait faire. Margot en a notamment beaucoup fait et ça nous a énormément appris sur le service, le matériel. Elle a vu ce qui manquait et ça nous a fait gagner beaucoup de temps au démarrage.
Margot : Je terminerais en disant qu’il faut se former. Si on ouvre un restaurant sans s’y connaître un minimum, ça peut devenir compliqué car on dépendra des salariés et on n’aura moins de légitimité à leurs yeux.
📍 1 Rue Séraphin Cordier, 59112 Carnin
Comentários